Ebook: Rome, du libéralisme au socialisme : Leçon antique pour notre temps
Author: Philippe Fabry
- Year: 2014
- Publisher: Jean-Cyrille Godefroy Editions
- Language: French
- epub
Gibbon's problem et question de Polybe
Au IIe siècle avant Jésus-Christ, le grec Polybe essayait de répondre à la grande énigme historique de l'époque : comment Rome s'était-elle si vite rendue maîtresse de l'univers ? Deux mille ans plus tard, l'anglais Edward Gibbon s'interrogeait, à l'inverse, sur les causes de son déclin et de sa chute.
De nombreuses théories ont été produites pour tenter d'expliquer cette catastrophe géopolitique. Chaque auteur s'attachant au sujet ou presque a proposé sa vision de la grande cause de la chute de l'Empire romain.
La réponse de Gibbon est bien connue : la perte de la vertu civique des Romains, n'ayant plus envie de défendre leur empire, et notamment amollis par le christianisme et son détachement des espoirs terrestres.
Bien d'autres réponses ont été proposées. Certaines avancent un élément précis censé bouleverser un équilibre, comme une supériorité technologique des barbares brisant la supériorité séculaire du système militaire romain. D'autres dessinent un schéma qui est finalement plus descriptif qu'explicatif : l'instabilité politique affaiblissant l'Empire et favorisant les invasions des barbares, dont le pillage faisait baisser les revenus et les taxes, rendant plus difficile la défense et facilitant d'autres raids barbares, etc. ; le tout formant un cercle vicieux, mais sans que la cause du cercle vicieux lui-même ne soit élucidée. D'autres encore pensent que l'Empire ne s'est pas effondré mais s'est seulement transformé. Pour certains la chute n'était pas inéluctable, pour d'autres elle l'était.
Pour un historien aussi informé sur cette époque que Paul Veyne, il n'y a tout simplement pas de grande cause de la chute de Rome, ce fut un accident, provoqué par une conjonction de facteurs multiples et non nécessaires.
Dans ses - pas assez ? - fameuses Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, Montesquieu posait une thèse originale et unifiée pour expliquer l'ascension et la chute de la puissance romaine : la liberté perdue. Curieusement, cette thèse n'est guère mentionnée de nos jours quand il s'agit de s'interroger sur les causes de la chute de l'Empire romain. Le grand public, tout au moins, ne la connaît pas. Si l'on recherche sur sa référence en ligne, l'encyclopédie Wikipedia, version anglaise ou française, l'article Déclin de l'Empire romain d'Occident (ou Decline of the Roman Empire), on constatera qu'il ne mentionne pas la thèse du Français. Thèse oubliée qui avait le mérite, avec une seule grande idée, d'expliquer toute l'histoire romaine. Thèse à laquelle il a probablement manqué une réactualisation après trois siècles de travaux d'érudition historique et archéologique, mais aussi de pensée économique, sociale et politique. Thèse sans laquelle, il faut bien le dire, l'histoire de Rome paraît un mystère insondable.
Comment s'expliquer que devenue maîtresse du monde, Rome ait été laminée par des épreuves qui, subies de la même façon dans les premiers siècles de son existence, n'interrompirent que très temporairement sa marche vers la domination mondiale ?
En 390 av. J.-C. Rome, cité parmi tant d'autres, fut mise à sac par les Gaulois de Brennos, et cinquante ans plus tard triomphait une première fois des Samnites, première étape de sa route vers la conquête de l'Italie. Mais en 410 de notre ère, Rome, maîtresse du monde, à nouveau mise à sac par Alaric, fut incapable de réagir et cinquante ans plus tard tout son empire lui avait échappé.
En 216 avant Jésus-Christ Rome, maîtresse de la seule Italie, est écrasée à Cannes par Hannibal, perdant au total environ soixante-cinq mille hommes, tués ou prisonniers. Quinze ans plus tard, les forces romaines reconstituées triomphent à Zama, sur le territoire même de Carthage, et remportent la guerre la plus décisive de l'histoire de Rome. Mais en 378 Rome, maîtresse du monde, écrasée à Andrinople par les Goths, perdant quarante mille hommes, se trouve incapable de renouveler ses effectifs et laisse les barbares Wisigoths pratiquement libres de se promener dans l'Empire et de le piller, jusqu'à ce qu'ils arrivassent, précisément, à Rome une trentaine d'années plus tard.
Comment expliquer cela ?
Esprit novateur; Philippe Fabry est historien du droit, des institutions et des idées politiques. Il a enseigné à l'Université Toulouse 1 Capitole. Féru d'histoire romaine, il est aussi passionné par la doctrine libérale, politique comme économique, et spécialement les travaux de l'Ecole autrichienne. Il contribue au site d'information Contrepoints.
Au IIe siècle avant Jésus-Christ, le grec Polybe essayait de répondre à la grande énigme historique de l'époque : comment Rome s'était-elle si vite rendue maîtresse de l'univers ? Deux mille ans plus tard, l'anglais Edward Gibbon s'interrogeait, à l'inverse, sur les causes de son déclin et de sa chute.
De nombreuses théories ont été produites pour tenter d'expliquer cette catastrophe géopolitique. Chaque auteur s'attachant au sujet ou presque a proposé sa vision de la grande cause de la chute de l'Empire romain.
La réponse de Gibbon est bien connue : la perte de la vertu civique des Romains, n'ayant plus envie de défendre leur empire, et notamment amollis par le christianisme et son détachement des espoirs terrestres.
Bien d'autres réponses ont été proposées. Certaines avancent un élément précis censé bouleverser un équilibre, comme une supériorité technologique des barbares brisant la supériorité séculaire du système militaire romain. D'autres dessinent un schéma qui est finalement plus descriptif qu'explicatif : l'instabilité politique affaiblissant l'Empire et favorisant les invasions des barbares, dont le pillage faisait baisser les revenus et les taxes, rendant plus difficile la défense et facilitant d'autres raids barbares, etc. ; le tout formant un cercle vicieux, mais sans que la cause du cercle vicieux lui-même ne soit élucidée. D'autres encore pensent que l'Empire ne s'est pas effondré mais s'est seulement transformé. Pour certains la chute n'était pas inéluctable, pour d'autres elle l'était.
Pour un historien aussi informé sur cette époque que Paul Veyne, il n'y a tout simplement pas de grande cause de la chute de Rome, ce fut un accident, provoqué par une conjonction de facteurs multiples et non nécessaires.
Dans ses - pas assez ? - fameuses Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, Montesquieu posait une thèse originale et unifiée pour expliquer l'ascension et la chute de la puissance romaine : la liberté perdue. Curieusement, cette thèse n'est guère mentionnée de nos jours quand il s'agit de s'interroger sur les causes de la chute de l'Empire romain. Le grand public, tout au moins, ne la connaît pas. Si l'on recherche sur sa référence en ligne, l'encyclopédie Wikipedia, version anglaise ou française, l'article Déclin de l'Empire romain d'Occident (ou Decline of the Roman Empire), on constatera qu'il ne mentionne pas la thèse du Français. Thèse oubliée qui avait le mérite, avec une seule grande idée, d'expliquer toute l'histoire romaine. Thèse à laquelle il a probablement manqué une réactualisation après trois siècles de travaux d'érudition historique et archéologique, mais aussi de pensée économique, sociale et politique. Thèse sans laquelle, il faut bien le dire, l'histoire de Rome paraît un mystère insondable.
Comment s'expliquer que devenue maîtresse du monde, Rome ait été laminée par des épreuves qui, subies de la même façon dans les premiers siècles de son existence, n'interrompirent que très temporairement sa marche vers la domination mondiale ?
En 390 av. J.-C. Rome, cité parmi tant d'autres, fut mise à sac par les Gaulois de Brennos, et cinquante ans plus tard triomphait une première fois des Samnites, première étape de sa route vers la conquête de l'Italie. Mais en 410 de notre ère, Rome, maîtresse du monde, à nouveau mise à sac par Alaric, fut incapable de réagir et cinquante ans plus tard tout son empire lui avait échappé.
En 216 avant Jésus-Christ Rome, maîtresse de la seule Italie, est écrasée à Cannes par Hannibal, perdant au total environ soixante-cinq mille hommes, tués ou prisonniers. Quinze ans plus tard, les forces romaines reconstituées triomphent à Zama, sur le territoire même de Carthage, et remportent la guerre la plus décisive de l'histoire de Rome. Mais en 378 Rome, maîtresse du monde, écrasée à Andrinople par les Goths, perdant quarante mille hommes, se trouve incapable de renouveler ses effectifs et laisse les barbares Wisigoths pratiquement libres de se promener dans l'Empire et de le piller, jusqu'à ce qu'ils arrivassent, précisément, à Rome une trentaine d'années plus tard.
Comment expliquer cela ?
Esprit novateur; Philippe Fabry est historien du droit, des institutions et des idées politiques. Il a enseigné à l'Université Toulouse 1 Capitole. Féru d'histoire romaine, il est aussi passionné par la doctrine libérale, politique comme économique, et spécialement les travaux de l'Ecole autrichienne. Il contribue au site d'information Contrepoints.
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